Antonio Vivaldi : Prima donna, arias pour contralto
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Vivaldi : Prima donna, arias pour contralto

Quantité

Antonio Vivaldi
Arias pour contralto


Vous pouvez vous procurer ces arias de Vivaldi individuellement (voir ci-dessous)
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Une sélection d'airs pour contralto de Vivaldi vous est proposée : des œuvres emblématiques pour contre-alto, cordes, continuo, et parfois instrument soliste (selon les airs), extraites d'opéras (L'Olimpiade, Tietiberga, Arsilda regina di Ponto, Juditha Triomphans, Semiramide, Dorilla in Tempe, Il Giustino, l'Atenaide, La costanza trionfante dell'amore e dell' odio).

Ces œuvres ont fait l'objet d'un enregistrement à l'Arsenal de Metz, par Nathalie STUTZMANN et l'ensemble Orfeo 55, sur le CD Prima donna, chez Deutsche Grammophon en septembre 2010. À cette occasion, certains des airs faisaient l'objet d'un premier enregistrement mondial.

Le site internet de Nathalie Stutzmann - Prima donna

Le matériel d'orchestre des airs comprend les parties suivantes :
- violons I
- violons II
- altos
- basses
- 1 conducteur (score), 1 continuo
et selon les airs, les parties de :
- 2 flûtes (Gran piacer d'amante cor, Cara gioia e bel diletto)
- 2 hautbois (La Gloria del mio sangue), 
- mandoline (Transit aetas)
- psaltérion (Ho nel petto un cor si forte)

Format conducteur (score) 22,5 x 32 cm, papier ivoire 100 g.
Format parties séparées 22,5 x 32 cm, papier ivoire 100 g.

Les rivales des castrats

"L'ange qui descend et qui monte
Sur l'escalier d'or voltigeant
La cloche mêlant dans sa fonte
La voix d'airain, la voix d'argent

Théophile gautier, Contralto, Emaux et camées

Un siècle avant Théophile Gautier, Vivaldi avait proclamé dans chacun de ses opéras "C'est toi que j'aime, oh contralto!". Les contraltos féminins occupent en effet sans conteste la place d'honneur dans l'œuvre lyrique du Prete Rosso qui, d'Ottone in villa, son premier opéra connu, jusqu'à L'oracolo in Messenia, son ultime composition pour la scène, afficha une faveur marquée à l'égard de cette voix fascinante. Tandis que le public acclamait les castrats comme des demi-dieux, l'anticonformiste vénitien préférait rendre hommage au bronze tour à tour rutilant et caressant de ces chanteuses dont il fit bien souvent les véritables vedettes de ses opéras. Prima donna régulière, le contralto féminin y fut également à plusieurs reprises le primo uomo. Nombre des premiers rôles masculins des drammi vivaldiens, traditionnellement conçus pour des castrats, furent ainsi créés en travesti par une femme, à commencer par celui d'Ottone dans Ottone in villa, créé par Diana Vico, ou celui d'Orlando dans Orlando furioso, créé pour la phénoménale Lucia Lancetti.

Ce choix de Vivaldi relevait certes pour partie de considérations économiques. Impresario de ses propres ?uvres, gestionnaire rigoureux et avisé, le compositeur-impresario plaçait ses entreprises lyriques en marge des circuits économiques officiels, loin des coûteuses étoiles du chant moderne. Mais cette faveur à l'égard des contraltos féminins traduisait avant tout son goût pour cette voix si singulière, et son refus de la sacrifier au modèle dramatique à la mode, dominé par les voix masculines aigües. L'opéra vivaldien, rejetant tout absolutisme formel, sut ainsi se distinguer avec force des œuvres de ses contemporains en faisant du contralto féminin, sa véritable figure de proue.

Ce récital de Nathalie Stutzmann illustre brillamment cette originalité historique en réunissant certains des plus beaux airs, célèbres ou inédits, que Vivaldi composa pour ces chanteuses choyées. L'itinéraire au pays des contraltos vivaldiens auquel il nous invite débute en 1716 avec la bolonaise Chiara Stella Cenacchi et s'achève en 1734 avec la bresciane Angela Zanucchi. À la première, créatrice du rôle de la princesse Eumena dans La costanzo trionfante dell'amore e dell'odio, Vivaldi offrit notamment le délicieux air avec pizzicati Lascia almen che ti consegni dans lequel le son des baisers, figuré par le pincement des cordes, offre un écrin plein d'humour et de sensualité au velours caressant de la voix. Pour la seconde, il écrivit le rôle du prince Licida dans L'Olimpiade, opéra dont le deuxième acte s'achève sur le frénétique Gema in un punta e fremo. Un air d'anthologie dans lequel cette fidèle vivaldienne put donner libre cours à son formidable tempérament dramatique.


Durant Ies presque trente années que dura sa carrière lyrique, Vivaldi, engagea nombre d'autres contraltos féminins auxquels il offrit des compositions ciselées en fonction de leur profil musical et dramatique spécifique. Anna Vincenza Dotti, interprète du rôle titre d'Arsilda regina di Ponta en 1716, se vit ainsi dédier le joyeux air concertant Del goder la bella spene, dont la riche palette chromatique, dessinant les abymes de la souffrance amoureuse, lui permit d'exhiber les subtiles couleurs de son timbre. Présent de choix pour une chanteuse promise à un grand succès et qui fut engagée quelques années plus tard par Haendel à Londres pour chanter le rôle d'Irene dans son Tamerlano. C'est dans le même opéra, mais pour la chanteuse Anna Maria Fabri, épouse du grand ténor Annibale Pio Fabri, que Vivaldi composa Cara gioia e bel diletto, brève arietta aux parfums folkloriques placée à la fin de l'acte III. Dans cette pièce aussi simple que joyeuse, les cordes palpitantes accompagnées par les flûtes à bec à l'unisson, escortent l'explosion de liesse juvénile de Usea, s'ur du roi Tamese, au moment où se dissipent les brumes de la tragédie.

La florentine Maria-Maddalena Pied, surnommée La Palpetta, reçut également de Vivaldi son lot de joyaux sur mesure. Cette chanteuse au tempérament bien trempé, maîtresse en titre de l'impresario du Teatro alla Pergola de Florence, était spécialisée dans les rôles masculins et le Vénitien écrivit pour elle plusieurs airs gorgés d'une mâle vigueur lorsqu'il lui offrit, dans sa Semiramide de 1732, le rôle du tyran Nino. Parmi ces compositions figure Vincera l'aspro mio fato, air de bravoure chanté du fond de sa prison par le rival de Semiramide, en clôture du deuxième acte. Cette pièce d'une exceptionnelle intensité dramatique, dans laquelle l'orchestre à cordes est soutenu par une basse vigoureuse comprenant deux cors de chasse, brosse un portrait saisissant du tyran déchu, affrontant son sort avec une grave noblesse. Un portrait que Vivaldi devait parachever dès le début du troisième acte, en offrant à Nina une ultime et furibonde péroraison avec le magistral presto Con la face di Megera.


On ignore pour quelle chanteuse Vivaldi composa Cor mio che prigion sei, cette bouleversante sérénade nocturne que chante, sur l'accompagnement mystérieux et feutré des pizzicati, le général byzantin Marziano, à la porte des appartements de sa bien-aimée. Peut-on d'ailleurs affirmer que le destinataire initial de ce joyau fut une femme et non un castrat- L'air, qui figure dans la partition d'Atenaide, est en effet absent du livret imprimé pour l'unique production connue de cet opéra en 1729, et l'on ignore donc s'il fut chanté à cette occasion par Anna Maria Faini, contralto en charge du rôle de Marziano, ou s'il fut composé pour une autre production, pour l'heure inconnue, du même opéra. Il en va de même de l'air Sowente il sole, provenant de la serenata collective Andromeda Iiberata. Une ?uvre aux interprètes non identifiés, représentée en 1726, probablement à Venise, et à laquelle Vivaldi contribua en composant cet air d'une majestueuse sérénité, dont il assura peut-être lui-même la sublime partie de violon soliste. Le personnage de Perseo, destinataire de ce joyau, fut-il un castrat comme l'imposait la mode ou un contralto féminin, comme eut pu l'exiger Vivaldi - Qu'importe! Même s'il composa Cor mio che prigion sei et Sowente il sole pour un contralto masculin, le musicien ne se priva sans doute pas pour autant du plaisir de les confier par la suite à l'une de ses fidèles chanteuses: son penchant pour elles se traduisit en effet à de nombreuses reprises par une réappropriation, à leur profit, d'airs initialement conçus pour leur alter ego masculin. Anna Girô par exemple, l'élève emblématique de l'épopée vivaldienne, reprit bien souvent sous la direction de son mentor des airs qu'il avait écrits à l'origine pour les castrats Fontana, Bilanzoni ou Zaghini. De même qu'Angela Zanucchi ou Elisabetta Moro, chantèrent des airs composés pour les castrats Girardi ou Pignotti. Ainsi, en s'appropriant avec bonheur des airs composés pour les castrats Francesco Braganti (La gloria del mio sangue et L'innocenza sfortunata, Francesco Natali (Sento in seno ch'in pioggia di lagrime) ou Paolo Mariani (Ho nel petto un cor si forte), c'est à un aspect familier de l'art des contraltos féminins de Vivaldi que Nathalie Stutzmann rend ici un vibrant hommage.

Cet hommage ne serait pas complet si, comme l'art qu'il honore, il ne franchissait pas les limites du monde de l'opéra et des serenate. Car c'est également dans ses œuvres sacrées que Vivaldi dédia à sa voix fétiche de mémorables compositions, dont les plus captivantes demeurent celles écrites pour Caterina, pensionnaire de l'Ospedale della Pietà de Venise (et privée comme telle de nom patronymique) qui incarna l'héroïne de l'oratorio « militaire et sacré » Juditha triumphans en 1716. Partenaire ardente d'un orchestre déchaîné dans l'air de tempête Agitato infido flatu ou complice subtile de la mandoline et des violons pizzicati dans Transit aetas, Ia voix de Juditha, tour à tour cinglante ou pénétrante, illustre avec éclat cette passion de Vivaldi pour ses Contraltos féminins.
Par-delà la frontière des genres, Caterina rejoint ainsi dans l'histoire vivaldienne Antonia Margherita Merighi, Anna d'Ambreville, Antonia Maria Laurenti, Lucrezia Baldini, Maria Cattarina Negri et tant d'autres contraltos encore dont Vivaldi, devançant Théophile Gautier, goûta la "multiple beauté" du timbre étrange : Ces "chimères ardentes" avaient trouvé dans le Prete Rosso un adorateur inconditionnel qui leur rendit une fière justice: ne fit-il pas d'elles, sous le règne de Farinelli, les plus brillantes rivales des Castrats-


Frèdéric DELAMEA, Janvier 2011

Con questo ferro indegno - Récitatif (l'Olimpiade)
Gemo in un punto e fremo (L'Olimpiade)
Del goder la bella spene (Arsilda Regina di Ponto)
Care pupille
Lascia almen che ti consegni (La costanza trionfante dell'amore e dell' odio)
Agitata infido flatu (Juditha triumphans)
Io sento in questo seno (Arsilda Regina di Ponto)
Con la face di Megera (Semiramide)
L'innocenza sfortunato (Tietiberga)
Sento in seno ch'in pioggia di lagrime (Il Giustino)
Cor mio che prigion sei (l'Atenaide)
Sovvente il sole (Andomeda liberata)
La gloria del mio sangue (Tietiberga)
Gran piacer d'amante cor (Dorilla in Tempe)
Cara gioia e bel diletto (Arsilda Regina di Ponto)
Vincerà l'aspro mio fato (Semiramide)
Transit aetas (Juditha triumphans)
Sorte che m'invitasti - récitatif (Il Giustino)
Ho nel petto un cor di forte (Il Giustino)